Variation chocolatée et moelleuse du célèbre gâteau « Red Velvet » (« Velours rouge »).
Chaque femme a dans sa vie des moments où elle doit faire des choix cornéliens : commander un dessert ou pas (habituellement le dessert est commandé)? Luke Skywalker ou Yan Solo (Edward Cullen ou Jacob Black pour les plus jeunes) ? Mais pour les bulgares, il y a aussi la question quel saint fêter le 14 février : le saint-Valentin ou le saint Trifon (le saint patron des vignerons et la fête du vin) ?
Voilà pourquoi la recette d’aujourd’hui a pour but de faciliter ce choix particulier, car elle convient au deux fêtes. Pour ma part, je préfère la fête des vignerons et le vin, car on y boit des coups. Pour la saint-Valentin je suis peut-être suffisamment vielle pour mieux me souvenir pas des émois des premiers amours, mais du moment où 13-14 ans auparavant et temporairement célibataire, j’avais décidé d’aller voir une comédie romantique un 14 février. Je pensais (à tort, comme il s’est avéré plus tard) que tous les amoureux allaient être dans des bars ou restaus et que j’allais avoir la salle pour moi. Qu’est-ce que j’ai pu être naïve ! Je n’avais tout simplement pas pris en compte tous les ados, qui, faute des moyens conséquents, avaient décidé d’amener leurs copines au cinéma en leur laissant généreusement le choix du film. Ce qui expliquerait la comédie romantique à la place du film d’action habituel. Voilà comment je me suis retrouvée dans une salle de cinéma remplie d’ados en rut.
Mais revenons à notre gâteau de velours. Dès que j’ai vu la recette dans le blog de Stella Parks, Brave Tart, je me suis dit qu’un jour elle serait mienne (un bref salut au passage à tous les fans de « Wayne’s World »). De plus, ce gâteau est une variation du gâteau « Velours Rouge » que j’affectionne particulièrement. La preuve : madeleines, cheesecake, rouleau, brownie, cupcakes… Et la recette était accompagnée d’un lien vers l’histoire du gâteau, le comble !
Jusqu’à maintenant, j’avais rencontré le « Velours rouge » toujours présenté comme un gâteau typique des états du sud des US, dont la recette se transmettait de mère en fille pendant des générations. Et là, je viens d’apprendre que le rouge dramatique est au fait un tour marketing qui date du moment de la Grande Dépression !
Il parait que les gâteaux de type « velours » sont apparus vers les années 70 du XIXe siècle, quand tous les gâteaux portaient des jolis noms. Dans un livre de cuisine datant du 1910, on retrouve des cakes appelés « Argent », « Velours », « Acajou », sans oublier le désormais classique « Devil’s Food », en version chocolat et version rouge. Au début l’appellation « rouge » des gâteaux faisait référence au sucre roux utilisé lors de leur confection et pas à leur couleur. Si l’on croise le « Devil’s Food » rouge avec le « Velours au chocolat » (appelé ainsi à cause de sa génoise fine et moelleuse), on obtiendrait un gâteau avec des reflets rouges provoqués par l’interaction des pigments naturels du cacao avec le babeurre ou le vinaigre contenu dans la pâte. Mais cette couleur est nettement plus pâle que la génoise rouge écarlate des gâteaux de nos jours. Et c’est ici qu’entre en scène John Adams, héritier d’une société qui produisait des colorants, arômes et extraits alimentaires depuis la fin du XIXe siècle. Au moment de la Grande Dépression l’heure n’était plus à la frivolité et le commerce des colorants alimentaires commençait à battre de l’aile. John Adams avait commencé en ce moment à sillonner les épiceries du sud et du Midwest des Etats-Unis en proposant des photos du gâteau « Velours rouge » le plus rouge de la création. Avec, bien-sûr, la recette, où figuraient le colorant rouge, l’arome de beurre et l’extrait de vanille produits par sa société. Une légende est née !
Honnêtement, j’ai trouvé la recette au vin rouge meilleure que celle, plus traditionnelle, que j’avais testé auparavant. Je trouve que le vin ajoute un gout fruité et un moelleux à la base du gâteau. Dans la recette du blog Brave Tart, la crème est au beurre. Quand j’ai vu la quantité de beurre nécessaire : 900 g !, j’ai opté pour une version plus légère, quoique, moins traditionnelle (il paraît) avec du fromage à tartiner.
Ingrédients :
(Pour un gâteau de 20 cm de diamètre et 10 cm de hauteur, la recette de la génoise est adaptée du blog Brave Tart, la recette de la crème est adaptée du site Epicurious)
- Pour le gâteau:
170 g de farine
30 g de cacao en poudre (100% cacao)
225 g de beurre doux ramolli
30 ml d’huile de tournesol (ou autre huile à gout neutre)
250 g de sucre roux
½ càc de sel
1 ¼ càc de levure chimique
¼ càc de cannelle en poudre
1 gousse de vanille
3 œufs à température ambiante
170 ml de vin rouge - Pour la crème :
600 g de fromage à tartiner (de type Philadelphia ou Saint-Moret)
75 g de beurre doux ramolli
1 tasse de sucre glace
1 càs d’extrait de vanille - Des pépites de chocolat noir et un peu de chocolat blanc pour la décoration
Préparation
- Préparer la base du gâteau : Préchauffer le four à 170°C. Beurrer un moule à gâteau à fond amovible et couvrir le fond de papier sulfurisé. Tamiser la farine et le cacao dans un bol.
- Verser dans un autre bol le beurre, l’huile, le sucre roux, le sel la levure, la cannelle et les graines de vanille. Battre avec un batteur électrique pendant 10 minutes à vitesse moyenne afin d’obtenir une crème bien lisse. Récupérer de temps en temps la crème qui est restée sur les bords avec une spatule.
- Ajouter les œufs un à un, en mélangeant bien entre chaque. Ajouter le mélange de farine et cacao en 3 fois, en alternant avec le vin. Continuer à battre à petite vitesse afin d’obtenir une pâte homogène.
- Verser la préparation dans le moule à gâteau et enfourner pendant environ 45 minutes (four à chaleur tournante). Vérifier la cuisson avec une pique en bois, elle doit ressortir avec quelques miettes humides.
- Sortir la base du gâteau et le laisser refroidir complètement sur une grille. La base peut se conserver jusqu’au lendemain au frigo, bien enveloppée dans du film alimentaire.
- Préparer la crème : Dans un bol mettre le beurre et le fromage à tartiner et les battre avec un batteur électrique pendant 10 minutes à vitesse moyenne afin d’obtenir une crème bien lisse. Verser le sucre et l’extrait de vanille et mélanger bien.
- Monter le gâteau : Découper la base du gâteau en deux au milieu horizontalement. Étaler une couche de crème sur une épaisseur d’environ 2 cm.
- Disposer la deuxième partie de la base avec sur la couche de crème. Étaler le reste de la crème sur toute la surface du gâteau.
- Décorer le gâteau avec les pépites de chocolat et le chocolat blanc finement râpé.