Périgord en noir et pourpre III

Partie III : des jardins pour le plaisir des sens.

(première partie)

(deuxième partie)

Maintenant que nous sommes passés à travers des villes et villages, châteaux et collines, je vais laisser un peu de temps pour une promenade douce et nonchalante à travers des jardins. Car le Périgord en abrite quelques-uns, malgré son paysage vallonné ou peut-être à cause de son paysage qui permettrait aux paysagistes de déployer leur imagination.

C’est exactement le thème du premier jardin que nous avons visité : les Jardins de l’Imaginaire à Terrasson-Lavilledieu. En 1991 le maire de la ville, un grand amateur des jardins a annoncé un concours international pour un projet de jardin pour la ville. Le concours a été remporté par la paysagiste américaine Kathryn Gustafson et l’architecte anglais Ian Ritchie. Ils ont crée un jardin dans lequel le fil conducteur de la visite et l’eau sous toutes ses formes et sons et où chaque tableau fait appel à un des cinq sens. La promenade nous mène du jardin sacré au tunnel végétal, vers le jardin élémentaire dans lequel un ruban doré guide le regard comme le fil d’Ariane дs le jardin d’eau, la roseraie ou le jeu de perspectives.

Les allées ombragées offrent aussi un abri de soleil de midi et aussi une vue imprenable vers la ville de Terrasson.

Les jardins du manoir d’Eyrignac sont aussi le résultat de l’imagination de leurs concepteurs, mais sous une autre forme. C’est un exemple splendide d’un jardin à la française : bien structuré, avec des parterres fleuris et avec un peu d’influence asiatique si moderne au XIXe siècle. L’art taupière (l’art de la sculpture végétale) est à l’honneur dans les jardins d’Eyrignac. Plusieurs centaines de buis sont sculptés sous formes diverses et variées (plus de 300 selon le guide).

Si vous voudriez prendre de la hauteur pour contempler la Dordogne, vous devriez visiter les jardins suspendus de Marqueyssac. C’est une ancienne baronnie dont le manoir (pas de château ici) date de XVIIe siècle. Les premiers terrassements autour de la maison ont été crées par les tout premiers propriétaires des lieux, mais sont devenus de vrais jardins vers la fin de XIXe. Le propriétaire de l’époque, Julien de Cerval avait commandité la plantation d’un nombre conséquent de buis (plus de 150 000 pieds). Ces buis ont été sculptés en différentes formes ovales. Inspiré des jardins italiens romantiques, Julien de Cerval a ajouté aussi des cyprès et pins parasols et a créé des allées sinueuses, escaliers et belvédères, comme dans une villa toscane ensoleillée. Comme la propriété se trouve sur un rocher, à environ 130 m au-dessus de la Dordogne, tout le long du côté sud de ce jardin suspendu le promeneur profite d’une vue splendide vers la vallée, les châteaux de Catsenaud et Beynac et le village troglodytique de la Roche-Gaillac.

Je vais terminer la promenade dans le Périgord, pleine d’histoire, nature et bon plats, justement avec ce dernier : un dîner au restaurant « Chez Julien » dans le village médiéval de Paunat. Situé dans un ancien corps de ferme, à l’ombre de l’église du XIe siècle, le restaurant est très beau et accueillant. Il propose de succulentes spécialités régionales : un vin de noix qui me rappelle la liqueur de noix de mon grand-père, foie gras, feuilletée de cabécou au cumin et confit d’échalotes, veau à la bière de Limeuil, le tout accompagné de vins de Bergerac.

Nous sommes rentrés à contrecœur, chargés de beaucoup de souvenirs, vin et photos.

Les Jardins de l’imaginaire à Terrasson-Lavilledieu

Les jardins du manoir d’Eyrignac

Les jardins de Marqueyssac

Le restaurant “Chez Julien” à Paunat et une tarte à la noix mangée ailleurs

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