Périgord en noir et pourpre I

Partie I : villes, villages et grottes

(deuxième partie)

(troisième partie)

Depuis quelques années déjà, Périgord était assez haut dans ma liste d’endroits de visiter en France. Non seulement pour ses beaux paysages et son histoire descendant aux origines du genre humain, mais aussi pour sa gastronomie. C’est l’endroit pour gouter le confit de canard et le foie gras, la salade périgourdine, l’omelette aux truffes ou aux cèpes, le fraises de la région, les pommes de terre sarladaises, la tarte aux noix, le tout accompagné généreusement du vin rouge bien corpulent de Bergerac ou le doux vin liquoreux de Monbazillac. Une fois sur place j’ai compris pourquoi tous mes collègues ont réagi de la même façon à l’annonce de ma destination de vacances : « Ah, vous allez super bien manger ! ».

 

Comme souvent ces dernières années, une fois d’accord sur la destination, nous avons trouvé la location… avec piscine pour la plus grande joie des grands et des petits. Malheureusement, l’été étant aux couleurs et surtout aux températures d’automne, nous n’avons pas pu profiter pleinement de la piscine, mais ça n’a pas gâché les vacances. La maison où nous avons posé nos valises pour deux semaines, se trouvait dans un tout petit village d’une cinquantaine de maisons à tout casser, aux abords de Trémolat, nichée dans un méandre de la Dordogne.

Trémolat : un village médiéval dont un des monuments principaux est l’église fortifiée du XIIIe siècle et les restes d’une abbaye médiévale autour d’elle

Une fois sur place, nous avons découvert que la Dordogne n’était pas la seule dans les environs  à emprunter un chemin sinueux. Les routes très étroites de la région serpentent à travers les collines boisées et sont souvent traversées par des biches ou des lièvres. Si vous êtes souvent malades en voiture, si vous ne maitrisez pas complètement votre véhicule ou si vous n’avez pas l’envie de conduire pendant une heure pour ne passer que 40 kilomètres, alors vous feriez mieux d’éviter le Périgord comme destination de vacances.

Mais si rien de cela ne vous effraie, armez-vous de patience et bienveillance envers les touristes et en route ! Car il y a plein de choses à voir dans le Périgord : les maisons couleur sables aux toits pointus, la vallée de la rivière que vous pouvez longer en canoë, les grottes habitées par les hommes de Cro-Magnon et les forteresses en haut des collines.

Historiquement Périgord était connu comme région encore au temps de Charlemagne, ensuite il est devenu comté à part entière qui a été à plusieurs reprises français ou anglais pendant la Guerre de Cent Ans, avant de devenir à la fin part de la couronne de France.

La région est symboliquement divisée en quatre parties, chacune identifiée par une couleur :

Vert au nord pour les forêts de chênes claires et châtaigniers ;

Blanc au centre à cause des roches de calcaire ;

Pourpre au sud-ouest à cause des vignes et le vin rouge ;

Et noir à cause des forêts de chênes sombre et noyers.

Nous étions à la frontière du Périgord noir et le pourpre, en faisant un saut dans l’une direction ou l’autre, selon la destination de la visite.

La ville la plus connue et la plus visitée du Périgord est sans doute Sarlat. Elle date du IXe siècle, construite au début autour d’une abbaye bénédictine, mais  s’est surtout développée au Moyen Age et a réussi à garder son charme médiéval jusqu’à nos jours. Le visiteur se perd avec plaisir dans les ruelles étroites et raides et s’il est chanceux, il peut profiter du marché traditionnel au moment du week-end.

Le Périgord est plein de petits et très beaux villages, chacun d’eux avec son histoire et métiers traditionnels. Nous en avons traversé plusieurs le long de la route et tous ont été très agréables à l’œil avec leurs fenêtres et cours fleuris ou avec leur situation pittoresque.

Un des villages où nous sommes arrêtés à plusieurs reprises était Limeuil. Inutile de préciser que, comme beaucoup d’autres, date du Moyen Age. Le village est situé en haut d’un rocher, au confluent de la Vézère et la Dordogne. Village fortifié et port important pour le transport fluvial de marchandises d’antan, il est maintenant classé parmi les plus beaux villages de France. Il faudrait monter tout en haut de la colline pour pouvoir profiter de la belle vue vers les rivières. Au passage vous pouvez admirer certaines maisons qui portent les traces des échoppes médiévales qu’elles ont abritées il y a tant d‘années.

Périgord était bien prisé des hommes de paléolithique. Les toutes premières traces de leur présence le long de la Vézère dates de l’époque des néanderthaliens (environ il y a 70 000 ans). Ensuite est venue l’époque des hommes de Cro-Magnon, toujours dans la région (entre 40 000 et 12 000 ans avant notre ère) et enfin, les hommes magdaléniens (15 000 – 8 000 avant notre ère). Ces derniers ont laissé en héritage de nombreuses grottes et cavernes richement décores de peintures et gravures. La plus connue parmi elles, est sans doute la grotte de Lascaux, appelée par un des ses premiers explorateurs « La Chapelle Sixtine de la Préhistoire ». Des images de taureaux, vaches, chevaux et cerfs à couper le souffle et vieux de 17 000 ans ornent ses parois. La vraie grotte est fermée aux visiteurs depuis près de 40 ans, car le passage des nombreux touristes avait commencé à endommager irrémédiablement les peintures. Voilà pourquoi, au début des années 70, l’état commence la construction d’un facsimilé) à environ 200 mètre de la grotte initiale. Pendant 11 ans les équipes des sculpteurs Bernard Auguste et Pierre Weber travaillent avec la peintre locale Monique Peytral pour recréer la grotte originale aux moindres détails en utilisant des techniques de peinture préhistoriques. Le facsimilé est ouvert aux touristes et c’était même un des premiers lieux que nous avons voulu visiter. C’est une expérience extraordinaire, même en sachant pertinemment que l’on visite une copie. On reste en vénération devant le talent et l’habilité des premiers hommes que nous avons la tendance de croire à peine civilisés.

L’entrée de la vraie grotte de Lascaux, classée patrimoine mondiale de l’UNESCO

Il existe beaucoup d’autres traces des hommes préhistoriques dans beaucoup d’autres grottes le long de la rivière qui sont ensuite devenues des villages troglodytiques. C’est le cas de la Madeleine du Périgord  qui tient son nom de la statue découverte dans les ruines. Ce village est donné aussi le nom de la période magdalénienne de l’histoire de l’homme. C’est un village très intéressant à visiter et admirer la manière dont laquelle nos ancêtres ont utilisé les avantages naturels de l’endroit pour se protéger des animaux sauvages et des invasions ennemies.

Dans la prochaine partie nous allons sortir des villes et des villages et je vais vous raconter un peu plus sur les châteaux de la région.

Sarlat

Limeuil

La Madeleine de Périgord

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