Première partie – endroits et vie.
Il existe des œuvres dont le début est tellement connu qu’il est impossible de lire les premières phrases sans penser au livre dont elle est tirée :
« Dans un trou vivait un hobbit ». *
« Mr et Mrs Dursley qui habitaient au 4, Privet Drive, avaient toujours affirmé avec la plus grande fierté qu’ils étaient parfaitement normaux, merci pour eux ». **
« La sécheresse durait maintenant depuis dix millions d’années et le règne des terribles lézards avait depuis longtemps pris fin. » ***
Bon, j’avoue que les exemples sont limités dans un seul genre, mais je crois que vous avez saisi l’idée. Pour les fins de ce billet, je vais vous citer une autre première phrase, tout aussi célèbre :
« C’est une vérité universellement reconnue qu’un célibataire pourvu d’une belle fortune doit avoir envie de se marier ». ****
Si vous ne l’avez pas reconnue, sachez qu’il s’agit de l’œuvre « Orgueil et préjugés » et son auteur est Jane Austen.
Bonjour, je m’appelle Mira et je suis un grand fan de l’œuvre de Jane Austen en général, de « Orgueil et préjugés » en particulier et je suis amoureuse de Mr Darcy depuis que j’ai environ 15 ans.
Depuis longtemps j’avais l’envie de visiter un jour les endroits liés à l’une de mes auteurs préférés. Je pensais d’abord le faire pendant le grand voyage familial dans la province anglaise « un jour », mais la famille en question a paré cette éventualité avec le slogan « No pasaran ! ». Le front commun et le manque total d’enthousiasme de leur part (ce qui est compréhensible, car mon affinité vis-à-vis de Jane Austen est du rang de la folie douce) m’ont amenée de planifier du budget en secret et regarder des itinéraires dans Google Maps. Jusqu’à ce jour en février dans la voiture en rentrant à la maison quand PP m’a soudainement proposé d’aller faire ce voyage en Angleterre toute seule pendant que Clochette est en voyage scolaire pendant une semaine. J’ai sursauté de joie et dès le retour à la maison j’ai réservé les billets et les hébergements, avant qu’il ne change d’avis. Ici, je dois remercier ma copine virtuelle (qui, j’espère un jour le serait réelle) Rainy qui m’a donné l’idée de dormir dans des pubs. Non seulement, ça revient moins cher que beaucoup d’hôtels, mais aussi, tu ne dois pas aller loin après une (ou plusieurs) pintes. En un rien de temps les nuitées ont été réservées, les billets achetés… il restait juste à payer la bière. Comme habituellement, je laisse les adresses à la fin du billet.
J’ai suivi l’itinéraire Paris – Londres – Alton – Winchester – Bath – Disley (c’est où ça ?) – Londres – Paris. J’avais une journée par endroit, seulement à Bath je suis restée pendant 2 jours. J’ai voyagé principalement en train, en bus seulement entre Alton et Winchester (bus n°64 qui fait le trajet en 45 minutes et pour 1.50 livres à la place de presque 2 heures et 20 livres en train). J’ai réservé et payé en ligne tous les billets de train sur le site de National Rail et je les ai retirées au distributeur automatique (avec la carte qui a servi pour le paiement) à la station Waterloo (oui, avec la chanson d’ABBA dans la tête… je sais, maintenant vous l’avez dans la tête aussi). Bien sûr, vous pouvez acheter les billets tous les jours à la gare juste avant le voyage, mais j’étais plus tranquille en sachant que j’avais au moins la logistique réglée.
Deux mois se sont écoulés et au début de mai, la famille s’est retrouvée dans la configuration suivante : Clochette dans le train pour le voyage scolaire, moi en congé et dans l’Eurostar vers Londres et PP en congés et à la maison pour faire quelques travaux.
Je ne vais pas rentrer en détails dans la vie de Jane Austen. D’autres ont raconté mieux que moi les histoires de sa famille, de sa vie à Bath et Southampton, de ses frères et sa sœur et confidente Cassandra, de ses fiançailles qui ont duré une nuit, de ses livres publiés initialement sous un pseudonyme, car à l’époque il était impensable pour une femme de bonne famille d’avoir une profession et encore moins, d’être écrivain, de ses romans inachevés, de sa maladie et de l’impact de son œuvre sur les générations futures. De nos jours Jane Austen est devenue à ce point part de l’histoire et de la littérature anglaise qu’elle est la seule femme hormis la reine d’avoir son portrait sur les billets anglais.
Alton
Le premier arrêt après le passage éclair à Londres était Alton. Une petite ville, bien verte à l’anglaise, avec les rangs de maisons et les incontournables pubs. Son principal point d’intérêt se situe environ un kilomètre et demi de balade à travers des champs plus loin. C’est dans le village de Chawton où se trouve la maison où Jane Austen a vécu avec sa sœur Cassandra, leur mère et leur amie Martha Lloyd de 1809 jusqu’à presque sa mort. Dans cette maison, sur une petite table dans le salon l’auteur a réécrit « Elinor et Marianne » et « Premières impressions » devenues plus tard « Raison et sentiments » et « Orgueil et préjugés », ainsi que ses autres œuvres. Dans le musée vous pouvez admirer aussi sa chambre, un couvre-lit entièrement fait en patchwork et quelques broderies sortes de sous son aiguille.
Après avoir visité la maison, je vous recommande de pousser la promenade quelques centaines de mètres plus loin jusqu’au manoir de Chawton House, la propriété de son frère Edward Austen. Le manoir est magnifique, avec du lambris sombre sur les murs et avec un joli parc où l’on peut se balader et méditer, ou plutôt, s’assoir pour reposer ses jambes.
J’ai passé la nuit dans une maison d’hôtes, Saint Mary’s Hall, qui se trouve dans une ancienne salle paroissiale reformée (l’adresse est à la fin). Le lendemain matin, après un petit déjeuner anglais délicieux accompagné d’une tasse de thé et une discussion très agréable avec mon hôtesse, Janet, j’ai pris le bus vers Winchester.
Winchester
L’attrait majeur de la ville pour moi était la cathédrale dans laquelle se trouve la tombe de Jane Austen. Bien sûr, il y a plein d’autres choses à voir dans la ville : le centre-ville historique, les ruines du palais des évêques de Winchester (Wolvesey’s Castle), le Winchester College, la plus ancienne grande école anglaise qui se trouve toujours dans son bâtiment d’origine et ce, depuis le XIVe siècle. Vous pouvez visiter aussi The Great Hall, une grande salle médiévale jadis part du Château de Winchester (construit par Guillaume le Conquérant). Dans la salle vous pouvez admirer la table ronde du roi Arthur. Pas la vraie, naturellement, mais une réplique richement décorée datant du XIIIe siècle. Malheureusement, j’ai mal calculé mon temps et je me suis rendue compte un peu tardivement que j’avais raté les horaires d’ouverture, ce qui me laisse la table ronde pour la prochaine fois. Et si vous êtes trop fatigués après la ballade, vous pouvez vous reposer dans le parc le long de la rivière, ou prendre du thé avec des scones dans un café (Café Winchester pour ma part).
Impatiemment, j’ai commencé la visite de la ville par la visite de la cathédrale. L’entrée est payante (8.50 livres), mais ça vaut largement chaque penny. La visite est guidée, ce qui vous permet d’apprendre plein de détails sur l’histoire mouvementée de la bâtisse à travers les siècles. Dans une allée latérale se trouve la sobre pierre noire annonçant qu’elle abrite sous elle la dernière demeure de Jane Austen, sœur et fille, avec un cœur noble, un caractère doux et un esprit vif. Mais pas un mot sur la vie d’écrivain… vous vous souvenez, les femmes de bonne famille à cette époque, ne travaillent pas. Quelques années après le décès de l’auteur, son frère Henry, qui avait aidé Jane pour la publication de ses livres, a réussi à faire poser une plaque sur le mur de la cathédrale, sur laquelle l’on peut lire « Jane Austen, connue par certains à cause de ses œuvres ».
A quelques minutes de la cathédrale se trouve la maison de College street, om Jane Austen a vécu pendant les dernières semaines de sa vie. La maison est propriété privée et ne se visite pas.
J’ai passé la nuit dans le pub The Wykeham Arms, avec une décoration à tomber, une cuisine superbe et om la chambre sous les combles avait tout le confort nécessaire et une vue imprenable sur les toits de la ville.
Le lendemain matin après un petit-déjeuner copieux et local (je me suis quand même abstenue de la tartine au Marmite) et sous une fine pluie grise, la seule pendant tout mon séjour, j’ai pris le train pour Bath.
Bath
La première chose à faire dans la ville était de laisser ma valise dans le pub suivant om j’allais passer les deux nuits, avant de partir à l’aventure. Donc, après un trajet d’environ une heure entre la gare et le pub, rempli surtout des arrêts pour prendre des photos, la mission était accomplie. La gérante du pub a très gentiment accepté ma demande de laisser ma petite valise avec le joyeux « Mais bien sûr, ma chérie ! » ce qui a pour résultat un (léger) écarquillement des yeux de la part de ma personnalité d’Europe de l’Est qui est plutôt sur la retenue. Après tout ça, j’étais libre d’explorer la ville.
J’ai commencé naturellement sur les pas de Jane Austen. J’avais téléchargé du site de l’office de tourisme de Bath un plan et un audioguide que j’avais mis sur mon téléphone. L’itinéraire vous mène à travers de la ville, sur les endroits liés à la vie et à l’œuvre de Jane : à côté du The Paragon où elle a passé quelques semaines chez la famille dans sa jeunesse, jusqu’à la maison où elle a vécu avec ses parents et même jusqu’à The Gravel Walk dont elle parlé dans son roman « Persuasion ». La promenade se termine dans le centre, dédié à l’auteur, The Jane Austen Centre. Là-bas, vous plongez directement dans l’époque de la Régence. Vous pouvez essayer d’écrire avec une plume, apprendre quel revenu annuel vous permettrait de posséder une calèche (ici on prend conscience de l’ampleur des dix milles annuels de Mr Darcy), de vous parer d’une robe, d’un bonnet et d’un parasol (j’ai laissé passer mon tour) et prendre un thé dans le salon à l’ambiance de l’époque (avec plaisir !).
Et c’était seulement le lendemain, après une nuit de repos et une tasse de thé revigorante, j’ai commencé à visiter les monuments plus… hmmm… traditionnels de la ville : Les bains romains (un parcours très intéressant), l’abbaye, l’ensemble architectural le Croissant royal (The Royal Crescent), le Cercle (The Circus), le théâtre, le jardin de la ville (The Parade Gardens). J’ai même eu le temps d’assister à la démonstration de confection de fudge chez San Francisco Fudge Factory et déguster les brioches locales de la ville (mais je vais leur dédier un billet séparé, avec une analyse comparative et même avec une recette).
Disley
Disley est une petite ville, à mi-chemin entre Manchester et Sheffield, nichée dans l’entrée du parc naturel The Peak District. C’est tellement loin de la région où se trouvaient mes points d’intérêt principaux, qu’au début, j’hésitais à l’inclure dans mon trajet. Mais l’envie était suffisamment forte pour me stimuler de trouver un moyen d’y aller quand même. Au fait, le point d’intérêt ici, ce n’est pas la ville elle-même, mais la propriété Lyme Park qui se trouve à environ un kilomètre de la ville, au milieu d’un parc magnifique. Le bâtiment a servi comme décor pour l’extérieur de Pemberley (le manoir de Mr Darcy) pendant le tournage de la série « Orgueil et préjugés » de 1995, avec Colin Firth et Jennifer Ehle dans les rôles principaux. Pour moi, c’est la meilleure version filmée de toutes, et croyez-moi, j’en ai vu une flopée, même celle de Bollywood. Voilà pourquoi, il fallait que j’y aille.
Le parc est tout aussi superbe qu’il est vaste. Il vous faudrait marcher quelques centaines de mètres de la grille jusqu’à l’accueil des visiteurs et ensuite pendant encre un kilomètre jusqu’à la maison. La maison est très jolie, avec une histoire et un intérieur fort intéressants. Le prix de l’entrée est de 13.50 livres et vous donne le droit de visiter le manoir et le parc. Vous pouvez vous promener dans les jardins, voir l’orangerie, aller même jusqu’à la tour des chasseurs ou vous assoir au bord du lac en attendant l’apparition de Mr Darcy de côté des écuries (soyons puristes quand même, la scène avec la chemise mouillée et le lac, même brillante, est une idée du réalisateur et elle a assuré l’immortalité de Colin Firth dans la mémoire collective de la gente féminine).
Le lendemain matin m’a trouvée dans le train qui m’emmenait à Londres. J’avais même 3 heures de libres avant de monter dans l’Eurostar pour Paris. Je les ai passées ente la boutique de M&M’s à Leicester Square et ma boutique de chaussures préférée à Carnaby street, avec un petit détour par Picadilly et Covent Garden. Trop peu !
Dans le billet suivant, je vais vous raconter plus les endroits dans Bath dont Jane Austen parle dans ses livres et je vais ajouter davantage de photos de Lyme Park. Il faut laisser un peu de suspens quand même !
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Les adresses utiles et futiles:
St Mary’s Hall : http://www.altonbedandbreakfast.co.uk/
The French Horn pub (Alton) :
https://www.frenchhorn.co.uk/
The Jane Austen’s House Museum : https://www.jane-austens-house-museum.org.uk/
Wykeham Arms Pub, Winchester : http://www.wykehamarmswinchester.co.uk/
The Winchester Café (Winchester) : 28-29 St Thomas St, Winchester
L’office de tourisme de Winchester : https://www.visitwinchester.co.uk/
Winchester Cathedral : http://www.winchester-cathedral.org.uk/
The Griffin’s Inn (Bath) : https://thegriffinbath.co.uk/
The Jane Austen Center (Bath) : http://www.janeausten.co.uk/
L’office de tourisme de Bath : https://visitbath.co.uk/
L’audioguide de la promenade In the footsteps of Jane Austen : https://visitbath.co.uk/things-to-do/tours-sightseeing/audio-walking-tours/
The Albert Hotel : http://thealberthotel.co.uk/
Dandy Cock pub, Disley : https://www.robinsonsbrewery.com/dandycock
Lyme Park : https://www.nationaltrust.org.uk/lyme
The National Rail : http://www.nationalrail.co.uk/
* John R. R. Tolkien, « Bilbo le hobbit »
** J. K. Rowling, « Harry Potter et la pierre philosophale »
*** Arthur C. Clarke « 2001 l’Odysée de l’éspace »
**** Jane Austen, « Orgueil et préjugés »
И лавината от снимки:
Jane Austen House Museum
Chawton House
Alton
Winchester
Bath
Bath, the Jane Austent Centre et le thé de l’après-midi, « avec Mr Darcy » dans le salon de thé du The Jane Austen Centre. Heureusement que je n’avais pas déjeuné.
Lyme Park