Vers le Soleil Levant – IV

Sortir de Tokyo pour la journée

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Nikko : faire du chemin pour un éléphant. Ou deux.

Une fois, je ne me souviens pas comment, je suis tombée sur l’information qu’il existait un temple au Japon avec un dessin d’éléphant. Curieux, mais pourquoi pas ? Il existe bien une gargouille avec le casque de Dark Vador sur la façade de la cathédrale de Washington ! Le plus curieux sur cette histoire, est que le peintre n’avait jamais vu d’éléphant de sa vie et il l’avait peint en se basant sur des récits écrits et son imagination ! Et voilà comment ce petit fait amusant est resté dans ma mémoire pour refaire surface quelques années plus tard quand j’ai commencé à préparer notre voyage au Japon. Sauf que je ne me souvenais plus ni comment s’appelait ce temple, ni où il se trouvait.

Une recherche rapide sur Internet avec les mots clé « éléphant imaginaire japon » en quelques millisecondes m’a sorti l’information que cet éléphant imaginaire n’est pas un dessin, mais une sculpture et qu’il était l’œuvre du sculpteur de XVIIème siècle Tanyu Kano et qu’il se trouve sur la façade de l’Entrepôt Sacré Supérieur dans le temple de Toshogu dans la ville de Nikko. Et que ledit temple est érigé en mémoire du shogun Tokugawa Iéyasu. Et qu’il n’y a pas un seul éléphant, mais deux !

C’est dans des moments pareils que je suis très contente de vivre à une époque où toute l’information est disponible au bout d’un clic. Et avec un autre clic, j’ai rajouté le temple de Toshogu à Nikko dans notre programme.

Si vous avez grandi dans les années 80, il est probable que vous avez entendu (ou peut-être même vu) la série « Shogun » d’après le roman éponyme de James Clavell, avec Richard Chamberlain et Toshiro Mifune dans les rôles principaux. La série a fait un énorme tabac en Bulgarie (aussi) et a éveillé ma curiosité envers le Japon. L’histoire est basée (avec beaucoup de liberté) sur la vie du marin anglais William Adams qui a réussi à atteindre le Japon au XVIIème siècle et est arrivé à devenir le conseiller du shogun Tokugawa Iéyasu (le personnage de Toranaga-san dans la série).

Tokugawa Iéyasu est le fondateur et le premier shogun de la dynastie Tokugawa pendant la période Edo (1603-1868). Après sa mort, il a été sacralisé et le sanctuaire de Toshogu dans la ville de Nikko est dédié à sa forme divine (nommée Tosho Daigonge ou « la divinité de la lumière flamboyante de l’est »). Le sanctuaire était un simple mausolée, mais, au fil des années, des décorations et d’autres bâtiments ont été ajoutées, surtout pendant le règne de son petit-fils. Le sanctuaire est aujourd’hui un complexe de 12 bâtiments, richement ornées de statues, frises et dorures, avec des éléments bouddhistes et shintoïstes. Il est construit sur une colline, au milieu de la forêt, ce qui devrait assurer calme et tranquillité (tant que cela est possible avec le nombre important de visiteurs qui s’y rendent !). Le sanctuaire étant sur une colline, attendez-vous à monter pas mal de marches avant d’y arriver. La marche risque d’être compliquée pour des personnes qui ont des problèmes de cœur, d’asthme ou d’articulations. Mais au bout du chemin, vous serez récompensés avec des vues d’une beautés saisissantes.

Et bien sûr, vous y verrez les deux éléphants !

Quelques détails pratiques : pour venir à Nikko en partant de Tokyo vous pouvez prendre soit un train express direct (pas couvert par le JR Pass) ou prendre un shinkasen (le TGV japonais) jusqu’à la gare d’Utsonomyia et ensuite prendre un train régional pour Nikko, cette deuxième alternative est entièrement couverte par le JR Pass). De la gare de Nikko, vous pouvez prendre un bus qui vous mènera jusqu’au pont en bas de la colline qui sert d’entrée pour le sanctuaire ou vous pouvez faire le trajet à pied (environ 30 à 45 minutes, le temps variant selon le temps que vous prendrez pour prendre des photos !). Laissez-vous suffisamment de temps pour le trajet et vérifiez bien les horaires de trains de retour, surtout si vous avez des places réservées pour le shinkasen. Les boutiques de souvenirs sur le chemin regorgent de jolies choses et vous pouvez facilement perdre la notion du temps et rater votre train (ce que nous avons failli faire !).

Le mont Fuji ou quand Instagram correspond à la réalité

Je ne me rendais pas compte de l’importance du mont Fuji pour les japonais jusqu’à cette conversation avec un monsieur très sympathique à l’observatoire de l’Hôtel de Ville de la métropole de Tokyo (Tokyo Metropolitan Government Building). Si vous vous rappelez mon post précédent, pendant cette visite, il pleuvait et la ville était enveloppée de brouillard. Mais, normalement, par beau temps, on est même censé pouvoir distinguer le mont Fuj. Devant chaque fenêtre de l’observatoire une pancarte décrit les principaux bâtiments ou points d’intérêt visibles de ladite fenêtre. Pendant que je restais plantée devant la baie vitrée d’où le mont Fuji serait visible par temps clément, un monsieur s’est approché et a commencé à étudier la pancarte avec les points d’intérêt indiqués. Nous avons échangé quelques politesses (son anglais était très bon) sur ce que l’on (ne) peut (pas) voir et notre manque de chance avec la météo. Et d’un coup, il s’est exclamé avec révérence « Ah ! Fujisan ! » et a pointé son appareil photo vers la vitre. Et à ma remarque qu’il était dommage que l’on ne puisse pas l’apercevoir à cause du mauvais temps, le monsieur a répondu avec un grand sourire « Ce n’est pas grave, il est là !»

La plupart des photos du mont Fuji que j’avais vu jusqu’à maintenant étaient soit prisent à partir de sa base, soit de très haut (avion ou satellite). C’était ce type d’mages qui était encré dans ma mémoire et mon imagination. Jusqu’au jour où je suis tombée sur une photo Instagram du mont Fuji avec une pagode en avant-plan. Et j’en suis restée bouche bée ! Je me suis demandée d’abord si c’était un montage photo ou si c’était bien réel car je trouvais le cadre trop beau pour être vrai. Il s’est avéré que la pagode existe bel et bien ! Il fallait que je voie cette vue par moi-même !

La pagode s’appelle Chureito et fait partie du sanctuaire Arakura Sengen construit sur le flanc d’une colline juste en face du mont Fuji (à plusieurs kilomètres près). Petit détail : pour arriver à la pagode, il faut monter 400 marches (ou si vous êtes aussi sportifs que moi, passer par la route bitumée sinueuse qui rallonge le trajet mais est moins raide). On dit que quand on aime, on ne compte pas. Dans ce cas, j’ai quand même compté et mes genoux en ont payé le prix. Mais une fois arrivée en haut, on oublie tout et on profite (avec quelques dizaines d’autres personnes) de la vue sublime qui représente une partie de l’essence du Japon. Instagram correspond parfois à la réalité ! J’imagine cette splendide vue au printemps, avec les cerisiers en fleur.

Quelques détails pratiques : pour venir à la pagode Chureito, vous pouvez soit prendre un train régional, soit un bus qui part de la gare routière de Shinjuku (Highway bus). Nous avons opté pour la deuxième solution. Le bus nous a laissés à un arrêt au bord d’une voie rapide et ensuite nous avons dû marcher pendant un quart d’heure avant d’arriver à l’entrée du sanctuaire Arakura Sengen. Tout est bien indiqué et vous pourrez suivre les pancartes (ou la foule). Je recommande vivement de réserver vos places pour le bus, car s’il n’y pas de places libres dans le bus, le chauffeur ne vous laissera pas monter et vous devrez attendre le bus suivant (environ 30 minutes). Après la visite de la pagode, vous pouvez continuer votre balade dans la région de Kawaguchiko, où l’on peut trouver quelques beaux lacs. Nous avons préféré retourner vers Tokyo, où le carrefour de Shibuya nous attendait.

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